Dermatillomanie, quelles solutions ?

A l'occasion de la sortie du livre "Mon histoire avec la dermatillomanie" de Camille du site Peaussible (lien et présentation de son ouvrage en fin d'article), j'ai voulu vous détailler ce trouble dont on entend de plus en plus parler.

Il peut être facile de confondre la dermatillomanie avec de l’acné. D’ailleurs, son autre petit nom, c’est « acné excoriée ».

Lorsqu’on a de l’acné, on connait tous cette envie quasi irrépressible « d’arranger ça ».

« J’y touche juste un peu pour que ça ait l’air moins … enfin plus … bref, moins pire. »

On essaie de se retenir, parfois on y parvient.

En se raisonnant, en prenant une grande respiration, en visualisant le bouton endommagé une fois que nos doigts l’auront bien manipulé.

En se répétant que si on le perce, il mettra plus de temps à se résorber, et qu’en plus ça va laisser une cicatrice. On détourne son attention, on prend éventuellement une pince à épiler désinfectée pour enlever les petites peaux autour, on passe un coton imbibé d’hydrolat, on fait un soin au miel … bref, on s’en occupe puis on passe à autre chose.

Mais en général, on arrive à contenir la pulsion première de tout faire disparaitre à coup d’ongles.

ongles-dermatillomanie

Pour une personne atteinte de dermatillomanie, la perte de contrôle transforme la pulsion en compulsion.

 

Dans cet article, je vais évoquer ce qu’est la dermatillomanie, ce qu’elle n’est pas, les similitudes et les différences entre ce trouble et l’acné, les possibles causes et des solutions.


 
 

Ce qu’est la dermatillomanie

Il s’agit d’un trouble comportemental. Cela s’apparente à un TOC (comme la trichotillomanie - arrachage cheveux)), et plus précisément des CRCC (Comportement Répétitif Centré sur le Corps) reconnu comme tel par l'Association Américaine de Psychiatrie dans le manuel de psychiatrie DSM V (Diagnostic and Statistical Manual of Mental disorders) depuis 2015.

Cela concerne 1,5 millions de personne, dont 3/4 des dermatillomanes sont des femmes, avec un profil de perfectionniste, d’hypersensibilité et d’hyper contrôle.

cicatrice-acné

La dermatillomane va triturer sa peau de façon compulsive, jusqu’à s’écorcher, jusqu’à laisser des traces et des cicatrices.

Cette compulsion est difficilement répressible, et si la personne ne détecte pas les éléments déclencheurs ou si elle ne parvient pas à se détourner de sa peau à temps,

elle ne pourra pas s’empêcher de continuer de gratter, de façon irrationnelle, et d’abimer sa peau.

La crise peut être semi-consciente (devant le miroir) ou inconsciente (grattage pendant la nuit), elle peut durer quelques minutes comme plusieurs heures.

Lorsque la personne revient à elle (état de quasi-transe, perte de la notion du temps) et se rend compte des dégâts qu’elle s’est infligés, après le sentiment de satisfaction et de soulagement ressenti pendant la crise, elle va ensuite entre assaillie par une forte culpabilité, un sentiment de honte et de perte de contrôle.

La personne atteinte de dermatillomanie va s’acharner sur la peau de son visage, mais chez d’autre, l’atteinte pourra être sur d’autres parties du corps, telles que les jambes, ou les bras.

 

Ce que la dermatillomanie n’est pas

 

Ce n’est pas juste de l’acné.

 

Il se peut que la personne ait initialement de l’acné, mais parfois elle est d’une forme légère.

C’est le fait de manipuler la peau continuellement qui, soit créé l’acné, soit l’aggrave, jusqu’à la rendre sévère.

L’acné peut certes être un déclencheur, mais la dermatillomanie peut aussi exister sans qu’il y ait d’acné initialement.

 

Ce n’est pas de la dysmorphophobie.

 

Cet autre trouble amène la personne à se focaliser sur une partie de son apparence (cela peut effectivement être la peau, mais aussi une particularité physique telle que la taille du fessier, la forme du nez …) au point de passer des heures à tenter de le camoufler pour paraitre parfaite.

Si la focalisation porte sur l’état de la peau, il se peut que la personne manipule ce qu’elle considère comme des imperfections (boutons, aspérités, pigmentation non uniforme) au point d’aggraver les problèmes de peau. Dans ce cas, la résultante est similaire à la dermatillomanie, mais la cause en est différente.

 

Les causes possibles de la dermatillomanie

Il est délicat de proposer une liste de causes, car s’agissant d’un trouble d’ordre comportemental et psychologique, la cause initiale pourra être différente selon l’histoire de la personne, son vécu, ses ressenti et son schéma de pensé.

Il semble toutefois que ce soit souvent lié à une honte intériorisée, une colère refoulée, un traumatisme ancien non résolu, un désir de perfection ou une décompensation d’un stress généralisé.

Dans tous les cas, une fois la compulsion passée et la peau abimée par la séquence de triturage, un sentiment de honte et de culpabilité fait surface.

Dévalorisation de soi, baisse d’estime et perte de confiance en soi viennent nourrir le trouble, tel un cercle vicieux sans fin.

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Les solutions pour guérir de la dermatillomanie ?

S’agissant en premier lieu d’un trouble lié au comportement et à la psychologie, il est important detrouver les déclencheurs.

Un type de situation qui crée de l’anxiété, un évènement récurrent qui lorsque la personne y est confrontée, va irrémédiablement se traduire par une session de triturage de la peau.

Cela peut être une journée particulièrement difficile au travail, des repas de famille, la fréquentation de personnes perçues comme malveillantes … toute situation qui génère un sentiment d’inconfort.

Mais c’est parfois plus diffus, un mal-être général que la personne ne s’explique pas mais qui se traduit par ce comportement compulsif.

Les TCC (thérapie comportementale cognitive)

Les TCC peuvent être une piste pour lever certain blocage, pour mettre en place des actions pour comprendre et contrer ces compulsions.

Un accompagnement psychologique plus approfondi pourra être nécessaire pour aider à l’acceptation de soi, et à la gestion du stress.

Des stratégies d’évitement et de détournement d'attention

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« Distraire » son cerveau des pensées obsessionnelles lorsqu’on détecte un déclencheur ou un début de crise de triturage)pourront être mise en œuvre.

Il s'agit de s’occuper l’esprit et les mains sur une activité qui monopolise l’attention :

  • faire un puzzle,

  • de la broderie,

  • se lancer dans l’apprentissage d’un instrument de musique,

  • reprendre le sport,

  • dessiner des mandalas,

  • tripoter des balles antistress,

  • éplucher une clémentine en enlevant toutes les petites peaux blanches ...

Des techniques de respiration, relaxation, yoga, sophrologie et visualisation pourront également être salvatrices.

L’hydrologie également : prendre une douche froide, progressive ou non, alternée ou non, sur tout le corps ou seulement une partie … le froid agit comme un catalyseur et permet de « court-circuiter » le mental.

Soin de la peau et naturopathie

Même si la dermatillomanie n’est pas initialement un problème de peau d’un point de vue physiologiquement, que l’accompagnement doit impérativement porter sur la composante psychologique de chaque personne, il n’empêche qu’un soin particulier doit être apporté à la peau.

De l'extérieur (routine de soin) et de l'intérieur (hygiène de vie adaptée).

Soit pour éviter la survenue de nouveaux boutons d’acné qui déclencherait une nouvelle crise, soit pour apaiser les dégâts causés après une session de triturage.

Il est important pour une dermatillomane de connaitre le fonctionnement de sa peau,

en commençant par appliquer une routine adaptée qui permettra d’éviter d’aggraver l’état de la peau avec des produits agressifs ou mal choisis.

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Alimentation, gestion du stress, plantes et compléments alimentaires, toutes mes connaissances en naturopathie regroupées au même endroit, mais aussi, l’intervention d’autres professionnels (sophrologue, experte cosmétique …) pour mieux vous accompagner.

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Pour aller plus loin :

Le livre "Mon histoire avec la Dermatillomanie", de Peau'ssible

Camille, après 15 ans de dermatillomanie a réussi à s’en sortir. Elle a crée un site internet (www.peaussible.fr ), puis écrit un livre sur le sujet, pour expliquer ce qu’est ce trouble, et les solutions qu’elle a mises en place pour ne plus être sujette à de sévères crises de triturage.

Elle énumère aussi ce qui n’a pas fonctionné pour elle, et des conseils pour l’entourage des personnes atteintes de dermatillomanie.

Son livre est en précommande ici : “Mon histoire avec la Dermatillomanie”

Future naturopathe, elle saura accompagner au mieux les personnes qui souffrent de dermatillomanie.

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